À leur arrivée, elles font arrêter les travaux, jugeant le terrain à flanc de rocher peu accessible et peu propice à l’érection de leur hôpital. Elles préfèrent s’établir à la mission de Sillery où elles se trouvent plus près des communautés montagnaises et algonquines, leurs bénéficiaires cibles. Elles y resteront de 1640 à 1644, mais devront quitter l’emplacement en raison d’un conflit qui éclate avec la communauté iroquoise.
Les fondatrices redémarrent alors la construction de L’Hôtel-Dieu du Précieux-Sang sur le site initial, ce qui en fera le premier hôpital en Amérique, au nord du Mexique. Cet établissement sera notamment soutenu par l’administration de Jean Talon, premier intendant de la Nouvelle-France, qui encourage les soins de qualité que prodiguent les Augustines.
L’hôpital gagnera en renommée lorsque s’y succéderont la religieuse
Marie-Catherine de Saint-Augustin









ainsi que le médecin
Michel Sarrazin









. La première consacrera vingt ans de sa vie à l’institution; elle deviendra d’ailleurs célèbre en raison de son dévouement envers l’hôpital, la Nouvelle-France et l’Église canadienne. Le second créera sa renommée grâce à ses talents de guérisseur et de chirurgien dont il usera à maintes reprises lors de traitements parfois très innovants pour l’époque. En effet, L’Hôtel-Dieu du Précieux-Sang deviendra le premier hôpital au Canada à faire usage de la chirurgie pour lutter contre le cancer.
Les années 1750 s’avèrent difficiles pour l’hôpital et son personnel. Le 7 juin 1755, deux matelots, patients de l’établissement, déclenchent un incendie par rancune à l’égard de la mère Hospitalière. Le feu ravage une grande partie de l’édifice et se propage même au voisinage. La reconstruction s’étalera de 1756 à 1757, ce qui rendra l’hôpital peu accessible pendant cette période.
En 1759, l’hôpital est assiégé par l’armée anglaise après la capitulation de Québec. Malgré les bons liens que cultive le Général Murray avec les Hospitalières, elles auront un accès très restreint à leur hôpital. Comme les Anglais utilisent l’enceinte de l’établissement pour leurs soldats, L’Hôtel-Dieu du Précieux-Sang est pratiquement fermé à la population, sauf pour certains cas majeurs. Pour continuer à subvenir à leurs besoins, les religieuses procèdent à toutes sortes de travaux d’artisanat et à d’autres petites tâches.
Vers 1775, pendant la Révolution américaine, la ville et son hôpital seront une fois de plus assiégés par les Américains. Enfin, en 1784, l’armée anglaise quitte les lieux et les religieuses retrouvent l’accès entier à leur hôpital.
De 1801 à 1850, à la demande du gouvernement, l’hôpital se transforme en orphelinat « des Enfants trouvés ». Lorsque l’établissement revient à sa mission d’origine, il aura accueilli près de 1 375 enfants orphelins.
En 1855, l’hôpital prend une vocation universitaire; on y soigne alors les personnes âgées, celles souffrant de maladies mentales, les épileptiques, les alcooliques et les cancéreux. C’est à cette époque que le docteur
Michael Joseph Ahern








œuvre à L’Hôtel-Dieu. Figure marquante de l’histoire de l’établissement et dans la vie des jeunes médecins d’alors, le
Dr Ahern








pose les théories pasteuriennes au cœur de sa pratique et de ses enseignements. C’est ainsi qu’il instaure la stérilisation et la désinfection du matériel médical et qu’il fait aménager des espaces réservés aux chirurgies afin de limiter les risques d’infections et de contagion. Grâce à lui, les chirurgiens procéderont aux opérations dans un endroit prévu à cet effet plutôt que directement dans le lit du patient.
L’ouverture du pavillon d’Aiguillon, en 1892, permettra l’ajout de 100 lits dans l’hôpital. C’est ce même pavillon qui se transformera plus tard en fameuse tour rose de 14 étages qui occupe encore aujourd’hui la partie centrale du bâtiment. La capacité de l’hôpital atteindra 231 lits en 1907.
Si L’Hôtel-Dieu de Québec assume le fonctionnement du centre anticancéreux dès les années 1930, le
Centre de l’ouïe et de la parole ainsi que le Centre de recherche sur le cancer sont respectivement fondés en 1960 et en 1983. Ces deux entités participent au développement de la spécialisation et de la surspécialisation de l’institution en ce qui a trait aux recherches et aux traitements contre le cancer ainsi que dans le domaine des troubles de l’ouïe, de la parole et de la voix.
Aujourd’hui, L’Hôtel-Dieu de Québec offre des soins spécialisés et surspécialisés particulièrement en cancérologie et en néphrologie, ainsi que des soins d’urgence. Les activités de recherche fondamentale, clinique et évaluative du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval situées à L’Hôtel-Dieu de Québec sont axées sur l’oncologie, la thérapie génique et la néphrologie.
Photo : 03Q_P560_S1_P000808_LHDQ
Hôpital Hôtel-Dieu - Pavillon d'Aiguillon, [vers 1900], BAnQ Québec, Fonds J. E. Livernois Ltée, (03Q,P560,S1,P808), Photographe non identifié,
https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3113522








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Sources
Les Augustines.
Les Augustines : Filles de la Miséricorde, Québec, 15 p.
Les Augustines.
Les Augustines : Monastère de L’Hôtel-Dieu de Québec, Québec, 1984, 31 p. (format dans une pochette).
Collectif. « L’Hôtel-Dieu de Québec : 350 ans de soins hospitaliers »,
Cap-aux-Diamants, numéro hors-série (1989), 90 p.