Or, la construction est plus complexe que prévu et les Augustines se retirent rapidement du projet. C’est alors que les
Sœurs de la Charité de Québec



prennent le relais et deviennent responsables de l’administration du nouvel hôpital, achevé en 1927, sous la direction d’une organisation laïque.
L’Hôpital du Saint-Sacrement ouvre ainsi officiellement ses portes le 13 décembre 1927, date à laquelle il reçoit sa première patiente. En plus des services de médecine et de chirurgie, il compte une école d’infirmières, des services de radiologie, de physiothérapie, d’ophtalmologie, d’oto-rhino-laryngologie et de pédiatrie, de même que des laboratoires d’anatomopathologie, de bactériologie et de chimie médicale. Le
Dr Rousseau



, premier directeur médical de l’établissement, veille à ce que l’hôpital réunisse une équipe de médecins au fait des plus récentes découvertes dans leur domaine respectif et qu’il se dote d’un équipement médical à la fine pointe de la technologie contemporaine.
En 1936, l’établissement fait face à de sérieuses difficultés financières et, après avoir fonctionné pendant neuf ans sous le contrôle d’un bureau de direction laïque, devient la propriété des
Sœurs de la Charité de Québec



. Quelques années plus tard, la Deuxième Guerre mondiale ralentit le fonctionnement interne de l’hôpital, alors que de nombreux membres du personnel sont mobilisés à l’étranger ou contribuent à l’
effort de guerre.
Après ce ralentissement temporaire, la période d’après-guerre est marquée par une forte croissance. L’institution construit un bâtiment moderne destiné à accueillir l’école des infirmières et la résidence du personnel. Elle met aussi sur pied de nouveaux programmes, dont celui de service social médical, le premier à Québec, ainsi que des cliniques neuropsychiatrique, anticancéreuse et du glaucome.
Outre l’inauguration des pavillons d’Youville et Henri-Pichette en 1960 et 1967, les années 1960 apportent de grands changements d’ordre administratif. En 1962, la
Loi sur les hôpitaux fait passer les établissements de santé sous le contrôle de l’État. Dorénavant, chacun d’eux doit obtenir un permis d’exploitation et se conformer à une réglementation administrative préétablie. L’Hôpital du Saint-Sacrement est constitué en personne morale et les
Sœurs de la Charité



cèdent la gestion de l’hôpital à une nouvelle organisation.
Ainsi, en 1968, après avoir été dirigée pendant plus de 40 ans par une religieuse, l’institution voit un premier directeur général laïque, Paul Pleau, en prendre la tête. À la même époque, comme les structures administratives, celles d’enseignement sont remodelées en profondeur, avec notamment l’arrivée du
Centre hospitalier universitaire



et des Cégeps. Une partie des médecins de l’Hôpital du Saint-Sacrement quitte alors les lieux pour participer à l’organisation du
nouveau CHU



et les aspirantes infirmières sont dirigées vers les Cégeps, avec la fermeture corollaire de l’école des infirmières.
Au cours des années 1970 et 1980, la modernisation de l’institution se poursuit dans la sphère médicale. De nouveaux centres de recherche et des départements voient le jour. Pensons entre autres au Centre régional d’hématologie (1973), à la Clinique des maladies du sein (1974), au Centre suprarégional pour les grands brûlés de l’est du Québec (1984) et au Laboratoire de culture cutanée (1985) qui se distinguent sur les scènes régionale, nationale et même, dans certains cas, internationale.
En 1995, l’Hôpital du Saint-Sacrement et l’
Hôpital de l’Enfant-Jésus



sont regroupés pour former le Centre hospitalier
affilié universitaire de Québec (CH
A), dont la fusion donne naissance au principal centre d’hématologie de l’est du Québec et au principal centre de diagnostic, de traitement, de recherche et d’enseignement sur les maladies du sein. Dans la foulée, plusieurs des fleurons de l’Hôpital du Saint-Sacrement partent vers d’autres établissements de santé. Le département d’hématologie et de greffe osseuse ainsi que le Centre des grands brûlés sont déplacés vers l’
Hôpital de l’Enfant-Jésus



, respectivement en 1999 et 2002, alors que le département d’obstétrique-gynécologie est transféré à l’
Hôpital Saint-François d’Assise



en 2004.
En contrepartie, le Centre des maladies du sein Deschênes-Fabia prend de l’ampleur et le Centre universitaire d’ophtalmologie de Québec arrive à l’Hôpital du Saint-Sacrement autour de 2006. Une nouvelle fusion aura lieu en 2012 entre le CH
A et le Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ) pour former le CHU de Québec.
Aujourd’hui, les équipes de l’Hôpital du Saint-Sacrement offrent des soins spécialisés et surspécialisés particulièrement en ophtalmologie et en cancer du sein, ainsi que des soins d’urgence. Les activités de recherche fondamentale, clinique et évaluative du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval situées à l’Hôpital du Saint-Sacrement sont axées sur l’ophtalmologie et la sénologie.
Extrait de Tremblay-Lamarche, Alex. « La riche histoire de l’Hôpital du Saint-Sacrement ».
Québecensia : bulletin de la Société historique de Québec, vol. 38, n
o 1 (mai 2019), pp. 24-28.
Photo : 03Q_P600S6D1P0130_HSS
Quartier Saint-Sacrement - Chemin Sainte-Foy - Vue éloignée de l'hôpital Saint-Sacrement, 1928, BAnQ Québec, Collection initiale, (03Q,P600,S6,D1,P130), Thaddée Lebel,
https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3121896


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