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Utilisation des scaphandres à pression positive et oxygénothérapie nasale à haut débit

17 février 2020

La pertinence de l’utilisation des scaphandres à pression positive lors des chirurgies orthopédiques et la pertinence de l’oxygénothérapie nasale à haut débit au bloc opératoire sont les thèmes abordés dans deux nouvelles publications de l’UETMIS.
 
Pertinence de l’utilisation des scaphandres à pression positive lors des chirurgies orthopédiques réalisées au CHU
Le scaphandre est un équipement principalement utilisé lors de chirurgies orthopédiques. Il est constitué d’un casque, d’une cagoule recouvrant complètement la tête et d’un mécanisme permettant d’assurer la circulation de l’air. Les premières générations de scaphandres à pression négative ont été développées avec l’objectif de prévenir le risque d’infection du site opératoire, notamment lors d’arthroplasties primaires ou de révision de la hanche ou du genou. De nouveaux modèles de scaphandres à pression positive ont été développés par la suite, moins encombrants et commercialisés comme un équipement visant à protéger l’équipe chirurgicale des éclaboussures de liquides et de matériel biologiques. L’UETMIS a été sollicitée par la direction clientèle chirurgie et périopératoire (DCCP) afin d’évaluer l’efficacité et l’innocuité du scaphandre à pression positive pour prévenir les infections du site opératoire et pour protéger le personnel médical des éclaboussures et des infections transmises par le sang.
 
L’analyse de l’ensemble des données probantes recensées indique qu’il n’y aurait pas davantage clinique à utiliser un scaphandre à pression positive pour la prévention des infections du site opératoire lors des arthroplasties. Les résultats de plusieurs études suggèrent une augmentation possible du risque d’infections de prothèse avec le port du scaphandre, mais les données ne permettent pas d’établir une relation de cause à effet. Peu d’études portant sur l’efficacité des scaphandres à pression positive à titre d’équipement de protection individuelle ont été identifiées. Le port d’un scaphandre réduirait le risque de contact cutanéo-muqueux avec du matériel biologique, mais les données disponibles ne permettent pas d’évaluer l’impact sur le risque de maladies transmissibles par le sang pour les travailleurs de la santé. Les données suggèrent également que le port d’un scaphandre à pression positive ne serait pas un moyen efficace de protection contre les microorganismes pathogènes transmis par voie aérienne et ne remplace pas le port du masque chirurgical ou du masque N95. Aucune organisation spécialisée en santé au travail ou en prévention des infections ne s’est prononcée sur la pertinence de porter un scaphandre en chirurgie afin de réduire le risque d’exposition des travailleurs de la santé au sang et aux autres liquides biologiques. Au CHU, les pratiques concernant le port du scaphandre à pression positive varient d’un hôpital à l’autre. L’enquête de pratique menée auprès des chirurgiens orthopédistes de l’établissement indique que l’usage des scaphandres n’est pas systématique et qu’il serait principalement réservé à des révisions de prothèse ou des cas d’arthroplasties chez des patients atteints de VIH ou d’hépatite B.
 
En considérant l’ensemble des données probantes recueillies, l’UETMIS recommande de réviser les pratiques entourant l’utilisation au bloc opératoire des équipements de protection individuelle lors d’arthroplasties afin d’encadrer et de limiter l’usage de scaphandres à pression positive en cas de situations exceptionnelles. L’UETMIS suggère également qu’un guide d’utilisation des scaphandres à pression positive soit développé afin d’assurer une utilisation appropriée et sécuritaire des scaphandres.

Pour lire le rapport complet ou les autres rapports de l’UETMIS : https://www.chudequebec.ca/professionnels-de-la-sante/evaluation/publications.aspx
 
 
Évaluation de la pertinence de l’oxygénothérapie nasale à haut débit au bloc opératoire
L’oxygénothérapie nasale à haut débit permet d’administrer un gaz humidifié et réchauffé, à travers des canules nasales, à un débit maximal de 40 à 60 litres par minute (L/min). Ce type de dispositif est utilisé aux soins intensifs, en néonatalogie ou à l’urgence pour le traitement des insuffisances respiratoires aiguës de même que pour la prévention des épisodes de désaturation lors de procédures invasives sous sédation. Des applications cliniques au bloc opératoire ont également été suggérées incluant la préoxygénation avant l’induction de l’anesthésie générale, l’oxygénation pendant l’intubation endotrachéale ou pendant la chirurgie chez les patients non intubés et l’assistance respiratoire après l’extubation en salle de réveil. L’Unité d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé (UETMIS) du CHU a été sollicitée afin d’examiner la pertinence d’introduire dans les blocs opératoires du CHU l’oxygénothérapie nasale à haut débit pour la clientèle adulte.
 
Dans l’ensemble, les données probantes sur l’efficacité de l’oxygénothérapie nasale à haut débit au bloc opératoire sont peu nombreuses et présentent plusieurs limites au plan méthodologique. En période préopératoire, peropératoire et postopératoire, quelques études suggèrent que l’utilisation de l’oxygénothérapie nasale à haut débit pourrait améliorer les échanges gazeux comparativement aux soins standards (masque facial, VNI) mais les bénéfices cliniques demeurent incertains. Il apparaît également que l’utilisation de l’oxygénothérapie nasale à haut débit est une pratique sécuritaire avec des complications qui ne sont pas plus fréquentes que celles observées avec l’utilisation du masque facial. Par ailleurs, les recommandations de sociétés savantes suggèrent qu’il pourrait être pertinent en période préopératoire d’utiliser l’oxygénothérapie nasale à haut débit dans certaines situations. De plus, les résultats de l’enquête de pratique menée auprès de trois autres établissements universitaires au Québec indiquent que l’oxygénothérapie nasale à haut débit est utilisée pour un nombre limité de patients sélectionnés en périodes peropératoire et postopératoire.
 
En considérant l’ensemble des données probantes, il ressort que de l’incertitude demeure quant aux indications cliniques et aux modalités d’utilisation de l’oxygénothérapie nasale à haut débit au bloc opératoire. L’UETMIS recommande donc au Département d’anesthésiologie, à la Direction clientèle - chirurgie et périopératoire et à la Direction des services multidisciplinaires du CHU d’introduire, dans le cadre d’une évaluation en milieu réel de soins avec développement de la preuve, l’oxygénothérapie nasale à haut débit au bloc opératoire en périodes préopératoire, peropératoire et postopératoire auprès d’un nombre restreint de patients. Les résultats issus de l’évaluation en milieu réel de soins après une année d’utilisation, en combinaison avec ceux des essais cliniques randomisés actuellement en cours, devraient permettre aux instances compétentes de se prononcer quant à la pertinence ou non de poursuivre son implantation au CHU.

Pour lire le rapport complet ou les autres rapports de l’UETMIS : https://www.chudequebec.ca/professionnels-de-la-sante/evaluation/publications.aspx