Recherche clinique en infectiologie : une équipe hyperactive pour des avancées significatives

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Depuis la création du Centre de recherche en infectiologie (CRI) du CHU de Québec-Université Laval en 1974, ses équipes ont réalisé plus de 400 projets de recherche clinique. Nous avons rencontré la Dre Marie-Louise Vachon, cheffe de la recherche clinique au CRI, qui s’intéresse plus particulièrement aux virus des hépatites et du VIH, tout en n’oubliant pas les autres infections qui sont toujours d’actualité, et Isabelle Chabot, coordonnatrice en recherche clinique en infectiologie.

« Pendant ma formation, j’ai réalisé que les hépatites virales n’étaient pas bien connues. Pendant la même période, de nouveaux traitements se sont développés pour l’hépatite C, et c’est notamment ce qui m’a incitée à suivre cette voie. » La Dre Vachon est médecin microbiologiste et infectiologue; pendant sa formation complémentaire au Mount Sinai School of Medicine à New York qui a duré un peu plus de trois ans, elle s’est concentrée sur les hépatites virales B et C et a terminé une maîtrise en recherche clinique. « J’ai apporté cette expertise au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval et maintenant, nous faisons beaucoup de collaborations dans ce domaine. Je suis notamment investigatrice dans le groupe de recherche canadien CanHepC pour l’hépatite C et co-investigatrice dans le réseau pancanadien CTN+ pour des essais cliniques sur le VIH et les autres infections transmises sexuellement et par le sang (ITSSS) », résume-t-elle. 

La Dre Vachon pratique principalement au CHUL et à l’Unité hospitalière de recherche, d’enseignement et de soins du VIH/SIDA/Hépatites de l’est du Québec (UHRESS), créée en 1989, qui offre des soins à une clientèle ambulatoire porteuse du VIH, d’hépatites virales ou d’autres ITSS. Et ce n’est pas un hasard, puisque que ces infections ont sensiblement les mêmes facteurs de risque d’acquisition. Il est d’ailleurs estimé que de 20 à 30 % des porteurs du VIH sont également infectés par le virus de l’hépatite C.

Parmi les patients de l’UHRESS, plusieurs acceptent de participer à des projets de recherche, notamment parce que cela leur donne accès à des molécules novatrices ou à des traitements en développement.

Ainsi, par exemple, la Dre Vachon a participé en tant que co-investigatrice au développement de certains antiviraux à action directe utilisés pour traiter l’hépatite C il y a quelques années. Auparavant difficilement curable, c’est aujourd’hui une infection qui se guérit facilement avec un traitement de 8 à 12 semaines grâce à ces antiviraux. 

« Un autre exemple : en ce moment, au Canada, il n’y a pas de traitement approuvé et remboursé pour contrôler l’hépatite D, la forme considérée comme la plus sévère d’hépatite virale. Mais nous venons de commencer un projet qui va permettre à certains de nos patients d’accéder, pour la première fois, à un traitement combiné novateur pour cette maladie. C’est ce qui est bien en recherche : on a toujours l’impression d’être en avance parce qu’on contribue à développer ce qui s’en vient », explique la Dre Vachon.

Il y a 50 ans, à l’époque de l’arrivée de la recherche clinique au CRI, les premières études ont servi à définir le meilleur usage des nouveaux antibiotiques contre plusieurs infections telles l’endocardite, les pneumonies, les infections urinaires et le choc septique. Puis, progressivement, les antiviraux contre les virus de l’herpès et de l’influenza sont apparus et les investigateurs du CRI, entre autres la Dre Sylvie Trottier, microbiologiste et infectiologue, à laquelle a succédé la Dre Vachon, ont contribué à ce développement. Lors de l’apparition du VIH/SIDA, les patients ont eu accès, grâce à la recherche clinique, aux premiers antirétroviraux en développement. Pour la Dre Vachon, « L’UHRESS et l’unité de recherche clinique sont un bel exemple de la combinaison soins, enseignement et recherche, soit le fondement de la médecine universitaire de qualité. »

Maintenant, l’équipe de recherche clinique (photo principale) en infectiologie s’intéresse au traitement des différents virus des hépatites, aux nouveaux vaccins, incluant la vaccination des femmes enceintes pour protéger passivement les nouveau-nés, ainsi qu’aux complications de l’infection chronique qu’est devenu le VIH. Les infections émergentes, comme Clostridioïdes difficile il y a quelques années ou COVID-19 plus récemment, sont aussi des sujets d’intérêt et d’implication pour l’équipe. 

Les collaborations avec les chercheurs fondamentaux du CRI sont nombreuses, notamment pour le développement des tests diagnostiques du futur et de nouveaux concepts de vaccin, tel le vaccin contre Zika il y a quelques années, ou encore pour mieux comprendre la réponse immunitaire à différents virus comme le VIH, le SARS-CoV-2, le mPox et l’influenza H5N1.

De même, les collaborations avec les groupes canadiens de recherche, comme le CTN+, font en sorte que les patients ont l’occasion de participer à différentes études et cohortes. En recherche clinique, les cohortes longitudinales permettent de suivre un groupe de personnes qui présentent, par exemple, une même infection chronique et d’étudier différentes questions sur une période donnée. 

« Une centaine de patients de notre clinique font entre autres partie d’une cohorte suivie depuis 2009 pour mieux comprendre les problèmes de santé liés au vieillissement chez les personnes atteintes du VIH, comme la maladie cardiaque, le diabète et l’ostéoporose. Avoir une cohorte, c’est précieux, parce que ça permet de répondre à des questions sur le long terme, et toujours avec les mêmes personnes », précise Isabelle Chabot, coordonnatrice en recherche clinique en infectiologie à l’UHRESS.

Mme Chabot ajoute que « les possibilités de collaboration sont nombreuses, mais avant de décider de participer à un projet, on se pose toujours deux grandes questions : d’abord, est-ce que l’étude va répondre à un besoin non comblé ou à une demande des patients? Et ensuite, est-ce que nous, on serait prêts à participer à ce projet tel qu’il est offert au participant? Est-ce qu’il est trop exigeant pour les bénéfices anticipés? Si on décide de participer, on s’assure de prendre le temps de bien expliquer à nos participants les avantages potentiels et les risques auxquels ils s’exposent. C’est important que les participants choisissent librement de faire partie d’un projet et veuillent s’y engager pleinement. D’ailleurs, notre équipe est reconnue pour son engagement et pour la qualité de ses données. »

Si la recherche clinique offre la possibilité d’accéder en avance à de nouveaux traitements, la Dre Vachon se fait toujours un devoir de remercier les participants à un projet de recherche. « Souvent, ils sont surpris que je les remercie, mais je leur dis : "Vous savez, tout ce qui est offert pour vous soigner aujourd’hui, c’est parce qu’il y a des gens qui ont décidé de participer à des études, comme vous venez de le faire". »

Ce qui motive la Dre Vachon, c’est de contribuer à l’avancement du contrôle des infections tout en permettant aux patients de Québec d’y participer. « Ce que j’ai d’abord aimé de l’infectiologie, c’est qu’on dépiste, on diagnostique, on traite, puis on libère, c’est-à-dire qu’on guérit les gens. Mais finalement, avec le temps, c’est l’inverse qui s’est produit : je me suis intéressée aux infections chroniques parce que j’aime effectuer un suivi avec mes patients, les revoir et suivre leur évolution. Et maintenant, on arrive à guérir certaines infections chroniques. C’est le meilleur des deux mondes : effectuer un suivi longitudinal, puis annoncer à un patient qu’il est guéri! » Et ce, grâce à la recherche.

 


L’équipe de l’UHRESS et de la recherche clinique au CRI, en 2025, c’est :

  • 9 médecins 

  • 6 infirmières 

  • 2 agentes administratives

  • 1 coordonnatrice

  • 1 travailleuse sociale


 


Photo principale : Rangée arrière à partir de la gauche : Dany Poulin, infirmière de recherche, Mathieu Thériault, professionnel de recherche, France Langevin, travailleuse sociale et sexologue de l’UHRESS, Geneviève Corneau, infirmière de l’UHRESS, Lynn Duchesneau, agente administrative, Claire Dufour, infirmière de recherche, Pierre Provencher, administrateur, Dre Marie-Josée Dion, infectiologue, Dre France Émilie Roy, infectiologue, Isabelle Chabot, coordonnatrice de la recherche clinique et de l’UHRESS, Dre Roseline Thibault, pédiatre-infectiologue, Dre Marie-Claude Beaudoin, infectiologue, Geneviève Gagnon, infirmière de recherche.
 
Rangée avant à partir de la gauche : Marie-Christine Samson, infirmière de l’UHRESS, Dr Felipe Garcia, infectiologue, Dr Michel G. Bergeron, infectiologue et fondateur du Centre de recherche en infectiologie, Dre Sylvie Trottier, infectiologue, Dre Marie-Louise Vachon, infectiologue et chef de la recherche clinique en infectiologie et de l’UHRESS, Kathleen Gingras, agente administrative de l’UHRESS.
 
Absents de la photo : Drs Jérôme Laflamme et Philippe Gervais, infectiologues, Nathalie Breton, infirmière de recherche, Amélie Chabot, travailleuse sociale de l’UHRESS.


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Dernière révision du contenu : le 22 septembre 2025

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