Un secret bien gardé : vers l’autonomie, et plus loin encore!

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Un établissement hospitalier comme le CHU de Québec-Université Laval (CHU), c’est l’équivalent d’une ville où s’activent des femmes et des hommes dont le travail est essentiel, mais parfois méconnu. La chronique Un secret bien gardé vous invite à découvrir leur histoire et leurs talents.1


Dans cette édition : Claudie Legault, ergothérapeute aux soins intensifs à L’Hôtel-Dieu de Québec

 

Répartis dans les cinq hôpitaux du CHU de Québec-Université Laval (CHU), ils sont 80 ergothérapeutes dévoué(e)s à aider celles et ceux vivant avec une incapacité à retrouver leur autonomie et leur dignité. Le Chuchoteur a rencontré l’une de ces personnes dévouées : Claudie Legault, ergothérapeute aux soins intensifs de L’Hôtel-Dieu de Québec.

Après des études en sciences biomédicales et une maîtrise en sciences pharmaceutiques à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec-Université Laval (IUCPQ-ULaval), où elle testait des méthodes éducatives pour aider les patients à mieux gérer leur maladie, Claudie se questionne : elle aime le contact avec les patients et la relation d’aide, mais finalement un peu moins le monde de la recherche clinique.

Le hasard fait qu’elle croise à cette époque une amie d’enfance devenue ergothérapeute : « Honnêtement, je ne savais même pas c’était quoi, l’ergothérapie! Mais quand elle m’a expliqué son travail, j’ai réalisé que ça rejoignait beaucoup mes intérêts. J’ai donc décidé de devenir ergothérapeute! »

« L’ergothérapie, c’est très large. Ça change beaucoup en fonction de la clientèle avec laquelle on travaille, mais principalement, c’est d’aider les personnes à retrouver leur autonomie dans leurs activités de tous les jours : s’habiller, cuisiner, se laver, etc. On regarde aussi au niveau cognitif pour s’assurer que les gens ne soient pas désorganisés, qu’il n’y ait pas de perte de mémoire ayant un impact sur leur fonctionnement. »

Pendant ses études en ergothérapie, Claudie effectue un stage à l’Hôpital Saint-François d’Assise : c’est le coup de foudre! Outre la relation avec les patients, elle aime le fait qu’il n’existe pas vraiment de routine dans un hôpital : il faut constamment changer son programme pour s’adapter aux urgences et aux exigences des programmes de soins. Elle se jure de postuler dès qu’un poste s’ouvrira. Entre-temps, elle travaille dans un centre de réadaptation de la rive sud de Québec.

« À l’hôpital, notre mandat principal est d’évaluer si le patient peut retourner à domicile à la suite de son épisode de soins. On peut faire un peu de réadaptation, mais ce n’est pas notre mission. En centre de réadaptation, le but est plus de redonner de l’autonomie au niveau fonctionnel. »

Dans un hôpital, il y a des ergothérapeutes dans presque tous les départements. Par exemple, à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, il y a la traumatologie pour les gens qui ont des accidents, l’orthopédie, les grands brûlés et une clinique de la main pour aider les gens qui ont eu une blessure ou une chirurgie de la main à retrouver leur motricité fine. Au CHUL, il y a notamment la pédiatrie et la néonatalogie. 

À L’Hôtel-Dieu de Québec, Claudie travaille entre autres aux soins intensifs, mais également dans les autres secteurs de l’hôpital, comme en néphrologie, en cancérologie ou dans les unités de médecine plus générale. 

Photo de Claudie Legault.


Claudie adore le contact avec les patients, notamment avec les personnes âgées pour qui elle a un petit faible. « J’aime ça le sentiment d’aider quelqu’un à retrouver un peu de son autonomie. J’aime beaucoup aussi écouter les histoires de vie des patients; c’est toujours super riche. Et on crée vraiment un lien de proximité; quand on questionne l’autonomie, on rentre beaucoup dans l’intimité de la personne. Par exemple, quand je dois regarder un patient se laver, ce n’est pas banal! Et c’est intéressant de travailler autant sur le volet physique que sur le volet cognitif. » 

D’ailleurs, du fait que les ergothérapeutes considèrent la personne dans son ensemble, ils collaborent beaucoup avec leurs collègues d’autres disciplines, comme les physiothérapeutes et les travailleurs sociaux.

Photo de Claudie qui discute avec son collègue Gabriel Prémont.
 

Un secteur à part : les soins intensifs

Aux soins intensifs, l’approche est différente : les ergothérapeutes se concentrent sur la réadaptation précoce des patients qui sont intubés depuis plus de 48 heures. 

« Il a été remarqué que ces patients pouvaient perdre énormément de forces parce qu’ils sont alités et traités avec beaucoup de sédatifs. Donc on les fait bouger quand ils sont encore intubés et branchés d’un peu partout pour stimuler leur éveil, comme les asseoir sur le bord du lit ou au fauteuil. Le but premier, c’est de prévenir le déconditionnement. Un patient qui est alité pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, aux soins intensifs est à risque de développer une "faiblesse acquise aux soins" qui peut demander de longs mois de réadaptation. »

Et parce que les patients peuvent passer beaucoup de temps aux soins intensifs, bien souvent dans un état de semi-éveil, ils ont souvent l’impression d’avoir perdu quelques semaines de leur vie. 

Afin de combler les trous de mémoire et de rendre le souvenir de ce passage moins difficile, un projet de « journal de bord » est en élaboration, et Claudie en est responsable avec Laurianne Grondin, travailleuse sociale. « C’est un modèle qui vient d’Europe et qui commence à faire son chemin ici. Dans ce journal, ça peut être des informations cliniques, des notes sur les progrès du patient, mais aussi des messages de ses proches, des nouvelles de sa famille, mais aussi sur l’actualité afin de situer la personne dans le temps et d’atténuer ses symptômes affectifs, mais aussi parfois cognitifs ou physiques, de leur séjour aux soins intensifs. »

À terme, le souhait est que ce journal de bord soit utilisé aux soins intensifs à la grandeur du CHU et non uniquement à L’Hôtel-Dieu de Québec. 

C’est une autre manière de redonner de l’autonomie aux patients, en leur permettant de se réapproprier leurs souvenirs et leur histoire. Pas étonnant que ce projet ait été confié à une ergothérapeute!

Photo de Claudie à son bureau.


Note
1.    Près de 95 % des villes du Québec comptent moins d’habitants que le nombre d’intervenants (un peu plus de 18 000) du CHU de Québec-Université Laval. Source : https://www.mamh.gouv.qc.ca/organisation-municipale/decret-de-population/


 


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Dernière révision du contenu : le 27 octobre 2025

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