Le Programme promotion qualité vise à mettre en lumière les huit dimensions de la qualité et à faire rayonner les projets des intervenants du CHU de Québec-Université Laval (CHU) qui les incarnent. Ce mois-ci, nous vous présentons le chantier de pertinence sur les immunoglobulines, qui illustre la dimension de la pertinence.
Saviez-vous que le CHU traite le plus grand nombre de patients sous immunoglobulines (Ig) au Québec? Les principales utilisations des immunoglobulines touchent l’immunologie, la neurologie et l’hématologie, mais plusieurs spécialités en prescrivent également.
Pour la province, cela représente un budget de plus de 200 millions de dollars. La hausse croissante de l'utilisation de ces produits sanguins coûteux, en plus des nouvelles indications de traitement et l’accroissement de la population nécessitant des immunoglobulines, suscite de grandes préoccupations. L’inventaire de cette précieuse ressource est fragile et le Québec est la troisième province canadienne à en consommer en plus grand nombre, sans toutefois être autosuffisante en plasma humain d’où sont issues les immunoglobulines. Que pouvons-nous faire dans ce contexte?
C’est en janvier 2024 que le chantier de pertinence sur les immunoglobulines a débuté ses activités d’amélioration avec le soutien de M. Sylvain L’Espérance, conseiller-cadre de la Direction de la qualité, de l’évaluation et de l’éthique, du Dr Vincent Laroche, hématologue et co-directeur de la banque de sang du CHU et de Mmes Julie Grenier et Stéphanie Drouin, chargées cliniques de sécurité transfusionnelle.
Le chantier de pertinence sur les immunoglobulines découle d’un projet ministériel par l’ajout de ressources infirmières au Québec pour assurer une vigie de proximité avec les prescripteurs, les équipes de soins, les chargées cliniques de sécurité transfusionnelle, les banques de sang ainsi qu’avec les partenaires du réseau comme Héma-Québec.
Au CHU, Mme Stéphanie Duguay, infirmière de pratique avancée (IPA) pour la pertinence des immunoglobulines, s’est ajoutée à l’équipe dès mars 2024. Son rôle est d’évaluer et d’approuver toutes les prescriptions d’immunoglobulines provenant de la Grappe OPTILAB Capitale-Nationale (CHU, IUCPQ, CIUSSSCN et CISSS des Îles). Son analyse s’appuie sur le guide d’usage optimal clinique produit par l’Institut national d’excellence en santé et en service sociaux (INESSS) et par l’analyse du dossier de l’usager.
En plus d’avoir des liens privilégiés avec les prescripteurs, elle collabore avec ces derniers pour améliorer l’utilisation des immunoglobulines dans plus de 175 indications cliniques. Ses activités consistent à promouvoir la déclaration des effets indésirables, à enseigner les principes du calculateur de dose, à valider les données cliniques et à informer le clinicien en cas de disparité avec les données probantes.
Pour appuyer son analyse, le CHU peut aussi compter sur l’utilisation d’un tableau de bord qui permet d’observer les tendances entre les spécialités et les indications cliniques. Celui-ci a été créé l’automne dernier avec l’aide de la Direction de la performance, de la valorisation des données et de la transformation numérique du CHU et suscite un grand engouement dans la communauté de pratique québécoise.
L’équipe a également pu bénéficier du soutien de la haute direction avec le comité de convenance sur les immunoglobulines, sous la présidence du Dr David Trépanier, qui explore les avenues thérapeutiques avec les cliniciens et spécialistes de différentes disciplines pour les cas complexes. Un comité d’experts en immunoglobulines a été mis en place avec lequel des activités d’amélioration continue sont réalisées, telles que des analyses rétrospectives sur les indications courantes.
Le groupe s’appuie sur les meilleures données probantes disponibles, comme les recommandations de l’INESSS ou de Choisir avec soin Canada, pour suggérer des améliorations à apporter dans l’utilisation des immunoglobulines dans des contextes cliniques précis.
Ensemble, nous assurons une utilisation judicieuse et pertinente des immunoglobulines et une préservation de la ressource, car pour certaines indications, il n’existe aucune solution alternative.

Quelle est la clé pour préserver cette précieuse ressource?
La réévaluation! La réévaluation clinique permet d’ajuster, d’espacer ou de cesser l’utilisation des immunoglobulines selon le contexte de soin et l’évolution des modalités thérapeutiques en collaboration avec l’usager.
Jusqu’à présent, la révision du processus a permis d’optimiser le travail des banques de sang par l’implication de l’IPA. Celle-ci procède à l’analyse du dossier clinique et à l’évaluation des demandes dès le début de la trajectoire. L’ensemble des travaux a un impact sur les ressources humaines, matérielles et financières. De plus, Santé Québec souhaite répliquer le modèle du CHU dans d’autres établissements du Québec afin d’obtenir des impacts nationaux.
D’ailleurs, pour appuyer tous les efforts de pertinence, de nouveaux formulaires de prescription seront déployés pour améliorer la saisie des données dans la province et circonscrire l’utilisation des immunoglobulines au bon patient, au bon moment et en bonne quantité.
