L’ajout du carboplatin devrait être considéré en combinaison avec la portion taxane du traitement néoadjuvant pour les patientes sans comorbidité significative, particulièrement chez les patientes sans mutation du gène BRCA, dans les situations suivantes:
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maladie non opérable
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maladie à haut risque ou localement avancée
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maladie démontrant peu ou pas de réponse au traitement néoadjuvant (en ajout en cours de traitement, avec la taxane)
Ces cas devraient être discutés en clinique des tumeurs.
Le carboplatin est alors donné en association avec une taxane pour 4 cycles, suivi de l’anthracycline seule. La séquence anthracycline d’abord suivie de carboplatin et taxane est aussi possible. Le carboplatin se donne préférentiellement de façon hebdomadaire (AUC 1.5) pour des raisons de tolérance, ou encore aux trois semaines (AUC 5-6), avec la taxane.
Une méta-analyse incluant 9 études randomisées contrôlées a étudié la valeur de l’ajout d’un sel de platine à la chimiothérapie néoadjuvante. Les trois études phares portant sur le sujet étaient incluses dans cette méta-analyse (GeparSixto, BrighTNess et CALGB 40603 Alliance). Le but premier était la RPC. Les buts secondaires étaient la survie et la toxicité. Elles incluaient des patientes de stades II-III. L’ajout d’un sel de platine était associé à une amélioration significative de la RPC et de la réponse objective. Deux études ont évalué la réponse pathologique en fonction du statut BRCA (GeparSixto et BrighTNess). Bien qu’un meilleur taux de RPC ait été observé parmi toutes les patientes, qu’elles aient un gène BRCA muté ou non (52.1% vs. 37.0%), l’avantage était significatif seulement chez les patientes sans mutation du gène BRCA. À titre d’exemple, la RPC augmentait avec l’ajout du sel de platine de 54.3% à 58% (non significatif) chez les patientes avec gène BRCA muté et de 32.7% à 57% chez les patientes sans mutation BRCA.
Seulement deux études ont rapporté la survie jusqu’à maintenant (GeparSixto et CALGB 40603), bien qu’aucune de ces deux études n’était conduite pour détecter une différence de survie. Leur analyse combinée n’a pas démontré de différence significative de survie sans maladie ou de survie globale, bien que GeparSixto ait rapporté une amélioration de survie sans maladie chez les patientes sans mutation du gène BRCA et une tendance vers une meilleure survie globale à 4 ans. L’étude BrighTNess, quant à elle, a été conçue pour détecter une différence de survie. Les données sont encore immatures, mais seront publiées prochainement (2021).
L’ajout du sel de platine était également plus toxique au niveau hématologique et gastrointestinal. On décrit notamment un taux de neutropénie de grades 3-4 de 53% versus 23% sans le sel de platine. Les neurotoxicités étaient similaires avec ou sans sel de platine. Ces toxicités entraînaient des retards de traitements plus fréquents.
On peut donc en conclure que l’ajout de sel de platine favorise la réponse clinique et la RPC, au coût d’une plus grande toxicité. La réponse semble optimale chez les patientes sans mutation du gène BRCA. Ainsi, une maladie non opérable pourrait avoir de meilleures chances de devenir opérable, et la dissection axillaire pourrait être évitée en présence d’une maladie axillaire prouvée avant le traitement néoadjuvant.