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Interruption d’essais cliniques

22 décembre 2020

Le recrutement dans des essais sur les anticoagulants chez des patients admis à l’unité des soins intensifs en raison de la COVID-19 est suspendu

Trois plateformes internationales d’essais cliniques testant l’effet des anticoagulants dans le traitement de la COVID-19 ont suspendu le recrutement de participants. L’utilisation de ces médicaments chez des patients gravement malades nécessitant une admission à l’unité des soins intensifs n’a pas montré d’effets bénéfiques.  

Des effets potentiellement délétères, notamment une augmentation des saignements, ne peuvent être exclus. Les essais cliniques continuent toutefois pour les patients hospitalisés qui ne sont pas gravement malades. Des analyses additionnelles sont en cours et seront rendues publiques dès que possible. L’un de ces essais cliniques, effectué dans la plateforme d’essais cliniques REMAP-CAP, est mené conjointement par une équipe de l’Université du Manitoba, de l’Université de Toronto, de l’Université Laval et du Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval. 

La COVID-19 est associée à un processus inflammatoire important et à la formation de caillots sanguins dans les petits vaisseaux sanguins. Les anticoagulants, des médicaments qui visent à éclaircir le sang, sont utilisés pour prévenir et traiter les caillots sanguins et possèdent des propriétés anti-inflammatoires. Sur cette base, de nombreux médecins ont utilisé des anticoagulants à dose élevée (dose thérapeutique) pour traiter les patients gravement atteints de la COVID-19 admis dans les unités de soins intensifs. 

«Tous les centres participants ont suspendu le recrutement de patients atteints de la COVID-19 gravement malades admis à l’unité des soins intensifs en attendant une analyse plus approfondie des données. Ces résultats remettent en question l’administration systématique des anticoagulants à dose élevée chez les patients gravement atteints de la COVID-19 dans nos unités de soins intensifs», a déclaré Alexis Turgeon, professeur au Département d'anesthésiologie et de soins intensifs de l’Université Laval, médecin spécialiste en soins intensifs et chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec – Université Laval. «Nous continuons d’étudier l’anticoagulation à dose élevée par rapport à une dose plus faible chez les patients hospitalisés, mais moins gravement malades, sur la recommandation des comités indépendants de surveillance des données et de la sécurité de ces essais cliniques», a-t-il ajouté.  

Cette découverte a été rendue possible grâce à une collaboration internationale sans précédent entre la Plateforme adaptative multifactorielle d’essais cliniques randomisés visant les patients atteints d’une pneumonie acquise en communauté en temps de pandémie (REMAP-CAP), la plateforme ACTIV-4 et la plateforme ATTACC. Ces plateformes d’essais cliniques visent à évaluer si une dose élevée (thérapeutique) d’anticoagulant utilisée pour traiter les adultes hospitalisés en raison de la COVID-19 peut diminuer la défaillance d’organes et améliorer la survie, par rapport à une dose plus faible, dite préventive, utilisée de façon usuelle pour prévenir les caillots sanguins. Des chercheurs de différents pays ont uni leurs forces pour répondre à cette question le plus rapidement possible.  

«Ces résultats représentent un immense effort de collaboration impliquant des patients, des familles, des membres du personnel médical, des médecins et des chercheurs du monde entier, ce qui nous permet d’apprendre rapidement comment traiter au mieux la COVID-19», a déclaré Ryan Zarychanski, professeur de médecine Lyonel G. Israels à l’Université du Manitoba et médecin spécialiste en soins intensifs, qui a dirigé l’harmonisation des trois essais cliniques. «Le devis multiplateforme et adaptatif de l’essai clinique nous permet de faire une pause dans un sous-groupe de patients et de poursuivre certaines parties de l’étude dans d’autres sous-groupes.» 

Ces essais cliniques ont été développés parce que les médecins ont observé que, chez de nombreux patients atteints de la COVID-19, y compris ceux qui sont décédés de la maladie, des caillots se formaient dans les vaisseaux sanguins du corps, y compris les micro-vaisseaux. Cette coagulation inhabituelle, l’un des nombreux effets potentiellement mortels de la maladie, a entraîné de multiples complications chez ces patients, notamment des insuffisances respiratoires, des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux.  

Les chercheurs ne savent pas encore pourquoi les anticoagulants à dose élevée n’ont pas aidé les patients atteints de la COVID-19 gravement malades et admis à l’unité des soins intensifs. «Ces résultats sont inattendus et, bien entendu, décevants. Nous examinons actuellement les données pour mieux comprendre les effets du traitement et les effets délétères potentiels», a ajouté Alexis Turgeon.  

«La pandémie de la COVID-19 a abouti à de nouvelles collaborations mondiales créatives sur plusieurs plateformes d’essais cliniques pour répondre le plus rapidement possible aux questions urgentes sur le traitement optimal des malades», a conclu Ryan Zarychanski. 

Les patients avec une indication reconnue contre la prise d’anticoagulants à dose élevée n’ont pas été inclus dans les essais cliniques. 

Ces essais cliniques sont soutenus par plusieurs organisations internationales de financement, incluant les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC, Canada), le National Institute for Health Research (Royaume-Uni), le National Health and Medical Research Council (Australie), l’Union européenne (UE) et les National Institutes of Health (États-Unis). Au Canada, la collaboration a été financée par des fonds publics à l’aide de deux subventions des IRSC. 

Dernière révision du contenu : le 22 décembre 2020

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