
POURQUOI AVONS-NOUS SI PEUR DE LA MORT?
PRALONG, Joël
Montréal, Novalis, 2021, 164 pages
Un ouvrage-trésor de sagesse et d’espérance, écrit en temps de pandémie, où l’auteur aborde de face tous les vents et difficultés, ainsi que bon nombre d’aspects qui nous barrent la route vers la vie.
En effet, tout y passe: le suicide assisté, la pandémie, la vieillesse, l’incroyance. L’auteur nous invite au courage d’avoir peur. Car s’il s’agit pour chacun de nous de trouver un sens à sa vie, c’est pour mieux envisager un but à sa mort.
Car pour lui, il faut parler de la mort non comme d’une fatalité. Il s’agit de la vivre dans un sublime acte de liberté et de responsabilité, de sorte que la peur de la mort nous aide à réorienter nos vies.
Ainsi, avons-nous le choix entre subir la mort- la situation actuelle - ou bien choisir de suivre le Christ, de nous unir à sa passion d’amour, comme une mission pour le salut du monde, jusque dans la mort. Car s’attacher au Christ quand on a tout perdu, c’est choisir la vie. Alors la mort, il faut oser en parler, tout comme de la vie, qui fait « craquer la mort ».
En définitive, ce livre nous parle de vie: nous sommes conviés à semer l’espérance dans un monde en souffrance, à proposer des pistes pour reconstruire un monde meilleur après la pandémie.
Par conséquent, changer le monde sans laisser personne de côté, cela demandera un engagement de tous, conscients que l’Esprit du Ressuscité est bien là, tel un puits dans le désert de nos vies.– Marie-Hélène Carette

MARIE-LUMIÈRE
PAGÉ, Lucie
Montréal, Libre Expression, 2021, 283 pages
Ce roman raconte l’histoire d’une femme médecin d’origine mohawk qui guérit d’un traumatisme que 30 ans de thérapie et d’antidépresseurs n’arrivent pas à apaiser. En désespoir de cause, elle choisit une voie marginale de guérison: l’utilisation d’une plante médicinale ancestrale, l’ayahuasca, utilisée depuis des milliers d’années dans certains pays d’Amérique et d’Afrique du Sud. Avec des proches, elle met sur pied une cérémonie Nixie Pae, où une diète et des rituels les préparent à absorber une mixture de la plante sous supervision de deux chamans. Marie-Jeanne vit une guérison et devient Marie-Lumière. Sa vision de la médecine se métamorphose. À partir de ce moment, elle adopte une approche holistique axée sur de saines habitudes de vie: alimentation, méditation, yoga, processus et rituels de libération, tout en sensibilisant ses patients aux effets bénéfiques des plantes médicinales.
Juxtaposant la science occidentale à celle des médecines ancestrales, l’auteure met en lumière l’efficacité de ces dernières face aux maux récurrents des sociétés du 21e siècle, où la perte de sens, de conscience et la déresponsabilisation ont émoussé les facultés humaines d’auto guérison. L’auteure soulève la nécessité de raviver la dimension spirituelle et d’éveiller les consciences à l’inter connectivité de tous les êtres, au risque de continuer à s’autodétruire, entraînant la planète dans notre déchéance.
Selon moi, l’intrigue avec le pharmacien et ses manigances ainsi que le rôle de l’enquêteur manquent de crédibilité. De plus, les liens entre les personnages ne sont pas toujours clairs. Toutefois, j’ai apprécié la description de l’expérience reposant sur de véritables témoignages et les propos sur l’ayahuasca suffisamment étayés pour approfondir la recherche. Aussi, la sensibilisation à une prise en charge personnelle et spirituelle de sa santé m’apparaît très juste. À découvrir! – France Charrier

D’UN MONDE À L’AUTRE
HULOT, Nicolas et Frédéric Lenoir
Paris, Fayard, 2020, 360 pages
La pandémie que nous vivons actuellement à l’échelle planétaire est le prélude de bien d’autres désastres possibles si nous repartons dans la même logique absurde de croissance infinie, affirment les auteurs de cet essai. Frédéric Lenoir, philosophe et sociologue, et Nicolas Hulot, engagé depuis trente ans dans la protection de l’environnement, ont croisé leurs réflexions et leurs expériences pour dénoncer un système devenu fou et les logiques qui l’animent.
Au fil de leurs échanges, ils ont dénoncé la frénésie consumériste qui ferme les yeux sur le pillage des ressources de la planète, détruit les écosystèmes, pollue l’air et les sols, crée un réchauffement climatique aux conséquences catastrophiques. Ils ont exploré le règne de l’argent, les limites du politique, la prépondérance de l’intérêt individuel sur le bien commun et le mirage du virtuel qui semble définir l’humain en ce moment. En sommes-nous les bénéficiaires ou les victimes, se demandent-ils? Sommes-nous plus humains qu’hier?
Les auteurs soulèvent des questions fondamentales sur la civilisation que nous souhaitons construire, sur les choix à faire pour répondre à ce nouveau défi écologique, sans doute le plus grand dans l’histoire de l‘humanité. Ils nous proposent des principes et des valeurs pour dessiner les contours d’un monde nouveau permettant de s’attaquer aux sources profondes de la crise que nous traversons et opérer sans plus attendre cette nécessaire mutation.
Frédéric Lenoir soutient que c’est par une nouvelle alliance entre l’être humain et la nature que l’humanité pourra retrouver un équilibre qui lui fait cruellement défaut. Nicolas Hulot, d’autre part, souligne que la dimension sacrée ayant presque disparu, nous avons oublié que nous faisions partie d’un tout.
En conclusion, écrivent-ils : « Nous sommes engagés dans une course contre la montre. N’attendons pas que le pire nous arrive pour nous lancer dans cette indispensable révolution de la conscience humaine, pour favoriser le passage nécessaire d’un monde à l’autre. » Alors que le système capitaliste est à bout de souffle, ce livre nous rappelle que nous pouvons tous être acteurs du changement. – Claudette Lambert

LUCETTE AU MAINTIEN À DOMICILE
PAQUET, Mario
Québec, PUL, 2020, 202 pages
Ce livre est une étude de cas pratique, celui de Lucette Rondeau, auxiliaire familiale et sociale (AFS). Un cas particulier, exceptionnel, utile aux fins d’illustration, auquel s’entremêlent par nécessité les récits d’usagers, de collaborateurs et d’observateurs, desquels l’auteur extrait l’universel pour une application pratique.
Cet ouvrage est à la fois une étude rigoureuse, une histoire, des histoires, une réflexion de carrière, un plaidoyer pour la reconnaissance des AFS et surtout, un éveil au besoin criant d’humaniser la gestion de nos soins à domicile.
L’étude est globale et approfondie sur deux axes : la pratique des AFS dans les soins à domicile (SAD) et le système dans lequel elles (principalement des femmes) opèrent. L’auteur met de l’avant leurs qualités exceptionnelles. Puisqu’elles s’inscrivent dans le temps long auprès des usagers et qu’elles leur prodiguent des soins relevant de l’intimité (aide à domicile, soins d’hygiène), elles développent des liens de proximité et connaissent mieux que quiconque la situation de chacun d’eux. Ainsi, elles deviennent les gardiennes de la globalité des soins de santé; elles en assurent la continuité, l’équilibre et la justesse.
Dans notre monde qui vieillit, la reconnaissance professionnelle des AFS et leur nécessité (utilité) sociale s’imposent pour notre propre bien-être. Cela doit passer par une humanisation du déploiement et de la gestion des soins de santé. La gestion productiviste ne saurait réduire la pertinence et l’apport des AFS à une simple quantité. – Jimmy Carbonneau

LE CŒUR CONTENTÉ
GREFFARD, Hélène
Montréal, Médiaspaul, 2021, 184 pages
Qu’est-ce que la bonté? Comment la reconnaître? Les dictionnaires définissent la bonté comme une manifestation de bienveillance envers autrui, le souci de rendre les autres heureux et d’éviter ce qui peut les blesser. La bonté serait ainsi le contraire de la méchanceté. La bonté a un effet bienfaisant autant sur celui qui la pratique que sur celui qui en est l'objet; elle a pour effet que d’un côté comme de l’autre, on a « le cœur contenté ».
Ce petit livre d’Hélène Greffard rassemble, en 52 histoires vécues, des tranches de vie où la bonté s’est exercée de manière toute simple, à travers des événements ordinaires. Dans la trame de leur quotidien, des personnes ont ressenti ses effets et ces moments de grâce sont restés gravés dans leur mémoire.
Hélène Greffard est diplômée en service social. C’est certainement à travers sa carrière d’organisatrice communautaire et de travailleuse sociale qu’elle a constaté combien la bonté est précieuse et source de guérison intérieure. Son petit livre sans prétention est un baume pour l’âme; à mettre entre toutes les mains. – Claude Couillard

L'EXPÉRIENCE DE LA FALAISE
TANGUAY, Félix
Montréal, Novalis, 2020, 208 pages
Félix Tanguay a une formation en histoire, linguistique et sciences des religions. Il est actuellement professeur de français dans la région de Québec.
À partir de la métaphore du voyageur accroché à une falaise, l’auteur parcourt les origines du lâcher-prise dans une histoire retrouvée à la fois en Orient et en Occident. Il cherche ensuite à en donner une définition opérationnelle et universelle: « le lâcher-prise serait une expérience intérieure de régénérescence psycho-spirituelle, de transformation du cœur, survenant involontairement et naturellement lorsqu’une personne a épuisé toute la force de sa volonté et de son ego et n’a d’autres options que de laisser place à la force de la vie, qui libère, comble et élève. »
Finalement, afin de s’investir dans la spiritualité et le cheminement du lâcher-prise, Félix Tanguay considère trois dimensions indissociables: la relation aux autres (horizontale), à la vie (verticale) et à soi (profondeur). Il propose également des pratiques fondées sur l’humilité et une vision optimiste, confiante de la vie.
Le côtoiement du précipice peut porter plusieurs noms : la mort, mes impasses, l’inconnu, mes limites, le début ou la fin de quelque chose … L’auteur s’adresse à toute personne qui désire réfléchir et prendre soin de sa propre spiritualité, qu’elle soit religieuse ou laïque.
L’expression lâcher-prise est souvent utilisée pour tout et pour rien. Cet ouvrage permet de lui redonner sa radicalité et son sens. – Alain Dompierre