
MARQUER LE TEMPS
CRÊTE, Stéphane
Montréal, Le jour, 2021, 240 pages
Stéphane Crête enseigne le travail rituel depuis une dizaine d’années. C’est fort de ses expériences issues du domaine artistique et de ses activités comme célébrant laïc qu’il nous livre ici Marquer le temps, un ouvrage qui rend toute sa pertinence au rituel dans le monde contemporain.
Dans une langue vivante et personnelle, il nous invite à apprivoiser le rituel pour nous faire l’allié du quotidien, et ainsi transformer les moments significatifs (décès, rupture amoureuse / amicale, union, perte d’emploi, entrée à l’université, changement de saisons, nouvelles résolutions, etc.) en moments signifiants.
Sans jamais proposer de recettes, l’auteur s’attelle plutôt à détailler la liste des ingrédients avec lesquels il est possible de jouer, de créer, pour que la magie du rituel opère dans nos vies et celles des personnes que l’on accompagne. Un accent particulier est mis sur les rites d’union et de deuil, comme les demandes d’accompagnement pour ces rituels sont encore fréquentes aujourd’hui. Ceux qui désirent devenir des praticiens du rituel ont accès à de nombreux exemples tirés des expériences de l’auteur.
J’ai particulièrement apprécié l’attention portée aux écueils d’un rituel mal pensé ou mal mené, souvent occulté lorsque l’on parle de pratiques spirituelles laïques et les nuances apportées pour intervenir au mieux dans un contexte de pluralisme spirituel, afin de respecter l’univers de chacun.
Ce livre permet de faire un usage plus spontané des rituels, de les habiter avec davantage de souplesse et de confiance, et par eux, communier à cette part de nous qui cherche le sens. – Mylène Brunet

TOUT EST LIÉ
CARBAJO NÚÑEZ, Martín
Montréal, Médiaspaul, 2021, 216 pages
Dans cet ouvrage, l’auteur analyse la relation entre l’écologie intégrale et la communication à l’ère du numérique, en précisant qu’il ne faut pas confondre l’écologie intégrale avec un écologisme vert, étranger à la dynamique sociale.
La nature, explique-t-il d’abord, est notre maison commune et la crise socio-environnementale actuelle est le résultat d’une action irresponsable de l’être humain qui a endommagé les liens l’unissant aux autres créatures, causant le chaos et la confusion autour de lui. L’auteur élabore une réflexion particulièrement intéressante sur les défis du village planétaire où les réseaux sociaux sont une vitrine pour se donner en spectacle, où les médias proposent des modèles de vie basés sur l’avoir. Tout est à vendre : santé, amitié, jeunesse, amour et ce qui compte, c’est le bénéfice que l’on peut en tirer.
En seconde partie, à la lumière de l’encyclique Laudato si’, porteuse d’un message d’espérance et d’engagement, l’auteur présente les bases théologiques, anthropologiques et éthiques sur lesquelles nous pouvons construire un paradigme plus relationnel. Il évoque la tradition théologique franciscaine à travers la figure de François d’Assise, véritable modèle d’écoute et d’ouverture à l’altérité, pleinement réconcilié avec Dieu, la nature et les autres.
En troisième partie, il propose des lignes directrices permettant de rétablir les quatre niveaux de l’écologie humaine, avec soi-même d’abord, en solidarité avec les autres, dans le respect de tous les êtres vivants et au niveau spirituel avec Dieu. Ainsi, en développant ces quatre relations fondamentales, l’être humain peut atteindre l’équilibre écologique et renforcer ainsi le tissu de la vie.
Certains chapitres demanderont sans doute au lecteur une attention soutenue pour saisir les liens entre tous les niveaux de l’écologie intégrale, mais cet ouvrage présente un reflet fort intéressant des choix de société qui ont conduit le sujet pensant à dominer la terre et des dangers qui le guettent dans l’écosystème médiatique dans lequel il est immergé.– Claudette Lambert

PATIENCE DU QUOTIDIEN
DUTTER, Cécilia
Paris, Salvator, 2022, 124 pages
En contre-pied à l’impératif de production auquel nous subjugue le néo-libéralisme, l’auteure nous invite à investir le quotidien en suivant quatre moments de la vie nommés selon les moments de la journée : l’aube, l’heure méridienne, l’après-midi et le couchant.
Difficile cependant pour l’homme moderne de la [patience] cultiver dans une société où souffrir est un gros mot, où la vitesse nous gouverne et où l’attente, perçue comme un affront à notre hyperactivité, justifie tous nos emportements. Ainsi, Cécilia Dutter nous amène au cœur du temps journalier. C’est exactement dans la longueur de certains temps et la répétition de certaines tâches que l’éternité y émerge.
Effectivement, à l’aube, certaines choses doivent mûrir avant d’éclore. À l’heure méridienne, on s’éveille aux autres et prend conscience d’appartenir à un tout. Puis, le temps s’accélère. L’après-midi, la fatigue s’installe. Il est alors bon de se rappeler que réussir dans la vie, c’est d’abord vivre sa vie (Jean Giono). Et au couchant, personne ne souhaite finir sa vie surchargée comme une bougie surconsommée.
Ce livre se lit au quotidien à raison de petits textes de 2 à 4 pages. Chaque jour apporte sa réflexion, sa profondeur, sa parcelle d’éternité. En filigrane, une foi puissante s’installe, celle d’appartenir à ce monde et d’y poursuivre, pour le temps qui nous est donné, la marche humaine.– Jimmy Carbonneau

SEPT JOURS AU DÉSERT
DUIGOU , Daniel
Paris, Salvator, 2021, 190 pages
Ah! Cette fascination pour le désert chez les Occidentaux de Lawrence d’Arabie à Charles de Foucault! L’auteur a décidé de transmettre ses idées sous forme d’un roman autofictionnel au lieu d’écrire un essai.
Le cœur de ce roman est l’accompagnement spirituel. Daniel Duigou propose cinq axes pour accompagner, ce qui est fort intéressant : le désir, la rencontre avec l’autre, la subversion, le risque de la mort et la fonction de la parole.
Nous découvrons alors ces cinq axes à travers la rencontre entre l’auteur et une accompagnée prénommée Claire, ce qui constitue selon moi la partie intéressante de ce livre. Pour le reste, il nous communique différentes idées personnelles ou informations au sujet de l’église, la spiritualité ainsi que la théologie.
À certains moments, l’accompagnateur sait ce qui se passe dans la tête de Claire. Quand on accompagne quelqu’un, nous travaillons à partir de ce que la personne nous dit, et non supposer de ce qu’il se passe dans sa tête. Sinon, on risque de se fourvoyer.
La lecture est aisée parce que l’écrivain a un style fluide et limpide. Si vous êtes intéressés par l’accompagnement spirituel, ce livre est pour vous! – Denis Béland