
LA SOUFFRANCE DES SOIGNANTS
Collectif, sous la direction de Robert Holcman
Malakoff, Dunod, 2018, 238 pages
Plusieurs intervenants du milieu de la santé en France ont cerné dans ce livre les multiples facettes de la souffrance des soignants. La confrontation quotidienne à la maladie, au corps souffrant, à la mort, à la folie même, dessine les contours favorables à un niveau élevé d’épuisement professionnel chez le personnel hospitalier. L’accroissement du rythme du travail, la charge émotionnelle, la quête de la performance et de la rentabilité, le manque de personnel créent une réalité complexe qu’une vingtaine de médecins, psychologues, psychiatres, sociologues, infirmiers ont analysée à partir de leur point de vue respectif.
Chaque chapitre aborde une question fondamentale liée à la souffrance des soignants. Comment évaluer et mesurer la souffrance des intervenants? Comment prévenir la confrontation à la violence? Comment garder une bonne distance du soignant avec les malades? Quel est le rôle du psychologue clinicien auprès des employés, et surtout, quel est le rôle de l’organisation? Les témoignages d’intervenants sur le terrain sont nombreux et troublants, l’organisation de la pensée est claire et facile à suivre.
En évitant d’utiliser un jargon professionnel qui aurait pu être lourd, les auteurs nous rappellent que le soin des malades est généralement vécu comme une vocation. En raison précisément de ce désir de les sauver et de les prendre en charge, les intervenants du milieu de la santé sont particulièrement vulnérables à la souffrance de leurs patients. Ils sont exposés aux risques du burn-out, de la dépression, des conduites suicidaires, de « l’érosion de l’âme » comme dit l’un d’eux.
Cette vaste analyse élaborée par des professionnels du milieu de la santé en France évoque des situations qui, par certains aspects, sont très semblables à l’expérience vécue par nos professionnels de la santé au Québec. Cet ouvrage peut donc efficacement favoriser la réflexion sur les dangers reliés au noble métier de soignant, mais aussi aux multiples dangers qui guettent ceux qui se laissent envahir jusqu’à l’épuisement par leurs devoirs professionnels.– Claudette Lambert.

USURE DE COMPASSION
FORTIER, Madeleine
Québec, Presses Inter Universitaires, 2018, 90 pages
Vous êtes une personne qui aime aider les autres, que ce soit de par votre travail ou en tant que bénévole ou proche aidant? Ce livre est pour vous. En tant qu’intervenant en soins spirituels dans le milieu de la santé, offrant du soutien et de l’accompagnement aux personnes touchées par la maladie, j’ai pu constater que la ligne est bien mince entre se laisser toucher par la situation d’une personne (empathie) et se laisser atteindre par celle-ci (sympathie).
Ce livre est un puits de lumière pour toute personne voulant éviter de tomber dans l’usure de compassion. Bien que son contenu apporte certaines notions théoriques pour définir ce qu’est l’usure de compassion, comment se manifeste-t-elle et comment s’en protéger, ce livre est davantage tourné vers l’application pratique de son contenu. À l’aide de son propre témoignage et surtout de celui de dix-huit témoins qui partagent généreusement leur propre expérience, l’auteure nous mène et nous invite à poser un regard sur soi-même afin de pouvoir discerner si je me donne des moyens concrets pour me prévenir de l’usure de compassion.
Ainsi, cette lecture permet de développer de la vigilance, pour soi-même et pour les autres, de découvrir et appliquer ses propres moyens de protection, et de conserver ou retrouver la satisfaction de compassion.
Pour prendre soin des autres, il faut d’abord être en mesure de prendre soin de soi! – Patrick Simard.

MÉDITATIONS DE PLEINE CONFIANCE
BASSET, Lytta
Montréal, Novalis, 2022, 252 pages
Spécialisée en théologie pratique, particulièrement dans le domaine de l’accompagnement spirituel et de la relation d’aide, Lytta Basset nous livre ici des contes, des histoires et des images que le texte biblique lui inspire. Dans une langue imagée, vivante et contemporaine, elle puise largement dans l’expérience humaine du doute, de la souffrance et de l’espérance, et invite le lecteur à reconnaître la confiance qui naît au cœur des personnages bibliques, au-delà de la peur ou de la colère.
Ce livre se présente à la manière de six aubes successives au cours desquelles l’auteure laisse entrevoir la tendresse divine destinée à chacun de nous, la seule qui soit inépuisable, écrit-elle, la seule qui puisse susciter une pleine confiance. Puisque chaque matin la vie reprend ses droits, l’aube fait espérer un jour nouveau. Ainsi, à travers ces méditations, elle accompagne le lecteur au fil des récits bibliques pour l’aider à faire résonner en lui cette expérience de renaissance.
Les tendresses de l’Éternel ne sont pas épuisées; elles se renouvellent chaque matin. Ce cri du cœur du grand prophète Jérémie, écrit Lytta Basset, me revient en mémoire au moment où je présente ce recueil de méditations bibliques, intitulé Aube pour la première édition, et que je publie à nouveau sous le titre de Méditations de pleine confiance.
Un ouvrage à lire et à méditer en se laissant pénétrer par la force des textes bibliques porteurs d’une parole qui peut nous aider à guérir de nos peurs et de nos petitesses, pour peu qu’on se laisse envahir par la sagesse qu’elle porte!
Philosophe et théologienne, Lytta Basset a publié plusieurs ouvrages spirituels qui ont connu une importante audience dans la littérature religieuse. Entre autres : Ce lien qui ne meurt jamais, Oser la bienveillance et Faire face à la perversion. – Claudette Lambert.

MOURIR D’ENVIE OU VIVRE D’AMOUR?
AUBIN, Catherine
Montréal, Novalis, 2022, 112 pages
Ce petit livre nous fait passer, en plus ou moins cent pages, du mensonge à la confiance, de l’envie à l’amour.
L’auteure procède par étape et évite tout traitement élitiste. Le sujet est amené sur le plan anthropologique. Sans honte ni condescendance, elle reconnaît d’abord la présence de l’envie qui nous habite en divers moments. Ensuite, l’envie est décortiquée puis distinguée de la jalousie et de la convoitise.
L’envie concerne davantage le désir d’appropriation, elle ne donne aucun plaisir contrairement aux autres péchés capitaux. Tandis que la jalousie concerne le bien propre auquel nous craignons que notre prochain participe. À celui qui convoite, il faut tout, et donc on ne peut rien lui donner pour éteindre ce désir. Un changement intérieur doit s’opérer!
La piste proposée est celle de devenir soi. Après tout, la question face à l’éternité n’est pas à savoir pourquoi nous n’avons pas été un tel ou une telle, mais bien pourquoi n’avons-nous pas été qui nous sommes! La connaissance et la reconnaissance de soi permettent l’ouverture aux autres. Ce basculement provoque le sens de l’admiration et de l’émerveillement; il nous libère de l’ego, de l’égoïsme et de l’égocentrisme.
L’approche est foncièrement chrétienne tout en demeurant accessible à tous. Les exemples et l’argumentation sont richement bibliques et empreints d’une exégèse bienveillante invitant à l’ouverture d’abord à soi, comme préalable, puis aux autres. –Jimmy Carbonneau.