MARCHER, PARLER, ÉCOUTER
HAROUNI, Brigitte et Éric Laliberté
Montréal, Novalis, 2021, 248 pages
Que le pèlerinage soit religieux, spirituel, un exercice physique ou encore un rapprochement avec la nature, il est toujours suscité par un mouvement, car vient un temps où il est plus souffrant de ne pas faire le chemin (dédicace du livre). Pèleriner n’est pas un simple acte, il s’agit d’une action volontaire entreprise sous un élan, un exercice qui transforme parce que quelque chose doit évoluer. [...] Il est fait de routes et de « déroutes » (Pierre Boucher, OFM).
On pourrait prétendre connaître ce qu’est l’exercice pèlerin. Pourtant, seul celui qui entreprend un (son) chemin peut le saisir pleinement. Ce livre nous fait progresser à travers les états du pèlerin passant de celui de touriste, au randonneur puis au pèlerin. La puissance de son cheminement demeure un projet en construction. L’exercice demeure quelque peu mystique: on connaît la méthode, toutefois, son succès réside dans un acte d’humilité et d’ouverture à soi et aux autres. C’est un processus de discernement et de transformation.
Le plus célèbre des pèlerinages, Compostelle, est devenu un nom commun. Comme quoi on ne pèlerine dans un sens universel que dans le concret d’un chemin, celui que l’on entreprend. L’exercice pèlerin consiste à quitter, expérimenter et être transformé.– Jimmy Carbonneau.
MON PAYS C’EST LA RELATION
LANG, Véronique
Montréal, Médiaspaul, 2021, 134 pages
Cet ouvrage sensible témoigne d’expériences d’accompagnement auprès d’aînés en pertes cognitives. L’auteure, Véronique Lang, met en lumière la richesse, les particularités et la beauté fragile de ces personnes, délivrées d’artifices. Elle raconte ses moments d’échanges avec eux, les apprentissages et les prises de conscience qu’elle fait à leur contact.
Au fil des rencontres, ces aînés apprivoisent sa présence tandis qu’elle se laisse toucher et transformer par eux, développant ainsi ce lien de confiance si précieux à la relation. L’une de ses clés : rejoindre « leur monde ». Ne pas chercher à relever les contradictions qui surgissent ou s’offusquer des répétitions ou des débordements émotifs liés à cette maladie. La pleine présence à l’instant, le leur, permet cette connexion momentanée où ils osent livrer leurs souvenirs, leurs états d’être, créant ainsi des moments de complicité. Véronique Lang pratique l’écoute respectueuse, empreinte de « largesse d’esprit et de cœur ». Elle sensibilise le lecteur au pouvoir de l’amour et de ses corollaires, bonté, patience et délicatesse pour établir et apaiser des rapports humains, parfois si déroutants, avec les personnes atteintes de déficits neurocognitifs.
À travers ces récits, une réflexion émerge: quel impact ont sur nos vies le temps, l’espace, la soif relationnelle, le monde émotionnel et la mort? L’auteure s’intéresse aux liens entre la spiritualité et la créativité. Aussi, elle utilise le dessin et le chant pour faciliter ces interventions. Formée en accompagnement spirituel ignatien au Centre de spiritualité Manrèse de Québec, Véronique Lang travaille dans trois maisons de retraite de sa Suisse natale. Son témoignage éclairant encourage des rapprochements significatifs avec ces personnes qui peuvent encore beaucoup nous apprendre. – France Charrier.
L’ESPRIT DU SOIN
GALICHON, Bertrand
Montréal, Novalis, 2019, 131 pages
Un livre qui débute avec une citation de François Cheng, l’un de mes poètes favoris, ça commence bien!
Je ne m’attends pas, au premier abord, à lire un livre si soutenu par la Parole de Dieu et la spiritualité chrétienne, ce qui n’est pas pour me déplaire. Il nous parle de l’approche globale que doivent avoir les soins chez un patient. C’est un texte très dense aux nombreuses idées qui aurait mérité plus de développement selon moi. Il est difficile de le résumer, mais j’aimerais vous partager trois concepts qui m’ont accroché.
D’abord il nous faut enlever l’hygiaphone, ce dispositif de séparation avec un verre transparent, entre l’autre et moi. Une belle image. En second lieu, le lien entre le médecin et le Christ qui guérissent et qui veulent tous les deux le retour du malade dans la communauté. En dernier lieu, une nouveauté pour moi, ce que l’auteur appelle la spiritualité du « et »; le médecin et le patient, l’autre et moi. Ce simple et petit mot qui dit nos différences, mais qui nous unit. Mais je vous laisse le plaisir de découvrir la richesse de cette réflexion.
Quant au style de l’auteur, il me rend perplexe, certaines sections se lisent très bien et sont limpides tandis que d’autres sont passablement hermétiques et on peine à suivre sa pensée. Malgré cette dernière critique, je recommande la lecture de ce livre. – Denis Béland
MAMAN, TU PARDONNES TOUJOURS
LAURENT, Isabelle
Montréal, Novalis, 2022, 220 pages
Le suicide de l’un de ses enfants est probablement l’épreuve la plus douloureuse qu’un parent puisse vivre! C’est ce drame que raconte Isabelle Laurent dans cet ouvrage. Déjà parents de nombreux enfants, elle et son conjoint ont adopté deux garçons de 5 et 7 ans qui avaient grandi sur les trottoirs de Manille. L’aîné, Yann âgé de 30 ans, a été retrouvé mort dans les toilettes d’un cinéma parisien. « Pourquoi ce geste alors que nous l’aimions tant? Quelle était sa souffrance que nous n’avons pas su comprendre? » Toute la famille est plongée dans l’incompréhension, la révolte et la culpabilité.
Du point de vue de son rôle de mère, l’auteure décrit avec humour et sensibilité les moments beaux et difficiles qui ont tissé leur vie et le puits de douleur qu’elle tente de juguler. Ce décès entraîne la découverte d’une série de blessures que Yann a dû surmonter. Entre autres, des abus par des professeurs d’un pensionnat catholique. Comment une mère profondément croyante peut-elle encaisser une telle révélation? Faut-il poursuivre en justice les présumés coupables de cette abomination? Et si un innocent était condamné faute de preuves solides? Accompagnée par une amie de longue date, l’auteure entreprend alors la relecture de la Bible pour y trouver, sinon des réponses, du moins des paroles qui lui ouvrent le chemin du pardon et de la paix.
Auteure de livres jeunesse et de deux essais sur la famille, Isabelle Laurent décrit pas à pas sa recherche de vérité pour sortir du chaos dans lequel elle s’enfonce. Dans un style à la fois poétique et révélateur de l’amour inconditionnel que les parents portent à leurs enfants, ce parcours douloureux et lumineux a de quoi soutenir et inspirer ceux qui ont été dévastés par le tsunami provoqué par le suicide d’un proche. – Claudette Lambert
L’ÉTHIQUE
DURAND, Guy
Montréal, Médiapaul, 2021, 276 pages.
Vous connaissez le dicton : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement… »? Il s’applique à cet ouvrage. Malgré la complexité des questions sociales abordées, « les mots pour le dire lui viennent aisément ! ».
L’auteur d'Introduction générale à la bioéthique nous revient avec un livre accessible, aux propos simples, appliqués et inspirants ! Il introduit son œuvre par la définition, l’histoire et les grands courants de l’éthique (morale). Il étaye ensuite les réalités du droit et de la déontologie. Il donne à réfléchir sur la primauté et l’objection de la conscience; sur la foi, la place des religions et des spiritualités (leur intégration sociale), le sens de la vie, les chartes, les droits, la dignité humaine, la laïcité, etc.
Un livre approfondi qui montre toute la pertinence, l’ampleur et la profondeur de l’éthique dans notre vie courante. Une lecture éclairante, si ce n’est que pour les treize principes pratiques à intégrer lors de prise de décisions de groupe, au-delà de toutes dissensions. Une grille de lecture pour la compréhension de notre monde moderne. Tout autant qu’une source d’inspiration pour la pratique de notre « art de vivre ensemble »! – Yves Rochette.