Recherche clinique en neurologie pédiatrique : le programme chargé de l’équipe du Dr Chrestian

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Arrivé au CHU de Québec-Université Laval (CHU) en 2015, le neurologue pédiatrique Nicolas Chrestian est un chercheur engagé et infatigable. Au fil des ans, il s’est joint à une équipe solide qui assure une meilleure prise en charge des patients tout en permettant la multiplication des projets de recherche.

Au départ, le programme de recherche clinique de l’équipe du Dr Chrestian se concentrait sur l’identification de nouvelles maladies neurologiques et neurodégénératives.

Il a notamment mené le Projet de recherche et d’innovation sur les maladies rares (PRISMES) en collaboration avec le professeur Serge Rivest, directeur du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval (CRCHU), Mme Nadie Rioux, infirmière, et Mme Nathalie Laflamme, spécialiste en méthodologie, projet qui a permis d’identifier trois nouvelles maladies. 

« Nous avons identifié l’épilepsie dépendante à la vitamine B6, paraparésie héréditaire 86 (déficit du gène ABHD16A) et le syndrome gastro-intestinal avec atteinte neurologique. Ce projet a permis de poser un diagnostic génétique chez environ 40 % de nos patients pour qui les tests génétiques conventionnels n’avaient pas apporté de réponse. Ce projet a permis de faire une grande avancée dans la qualité des diagnostics et celle des soins. » 

Aujourd’hui, l’équipe se consacre également à la recherche thérapeutique en collaborant avec différentes compagnies. Mais avec un programme de recherche déjà bien garni, le Dr Chrestian et son équipe prennent grand soin de sélectionner les projets en fonction des bénéfices qu’ils pourraient apporter à leurs patients.

Ils ont ainsi été les premiers au Canada à recruter un patient pour une importante étude en thérapie génique expérimentale sur la dystrophie musculaire de Duchenne. Cette thérapie, qui a pour but de ralentir la progression de la maladie, consiste en une méthode de transfert de gène manquant, la dystrophine, par une forme réduite de ce gène. 

« L’originalité de cette étude, c’est qu’elle s’adressait à des patients en fauteuil roulant qui, habituellement, ne reçoivent pas de traitement ou ne participent pas à des études. »

Par ailleurs, l’équipe a également participé aux travaux qui ont mené à la mise en place du dépistage néonatal de l’amyotrophie spinale. Depuis 2019, trois traitements ont été approuvés pour cette maladie neurodégénérative mortelle. Cependant, bien que des traitements existent maintenant, ce dépistage précoce change totalement la donne puisqu’il est possible de limiter les conséquences de la maladie si elle est prise en charge précocement, avant l’apparition des symptômes. 

Enfin, l’équipe sera prochainement leader dans une recherche clinique s’adressant à la patientèle pédiatrique pour le traitement pour l’ataxie de Friedreich, une autre maladie neurodégénérative.

Photo du Dr Nicolas Chrestian, neurologue pédiatrique.
 

Vers un protocole universel de thérapie génique

Le plus récent projet du Dr Chrestian, et non le moindre, est de développer un protocole de thérapie génique qui pourrait s’appliquer à toutes les spécialités pédiatriques, que ce soit en oncologie, en rhumatologie, en gastro-entérologie, en cardiologie, etc.

« La thérapie génique, c’est une manière de corriger une anomalie génétique pour ralentir significativement la maladie ou même parfois pour la faire disparaître complètement. En gros, c’est un virus modifié avec le gène que l’on souhaite remplacer ou modifier; c’est un concept de génétique qui peut s’appliquer à plusieurs types de maladies. C’est la voie de l’avenir, mais c’est complexe et ça demande des protocoles très rigoureux. Par contre, ces protocoles sont sensiblement toujours les mêmes », précise le Dr Chrestian.

La mise en place d’un tel protocole demande normalement des mois de travail. Ainsi, l’énorme avantage du projet du Dr Chrestian est de rendre beaucoup plus accessible, surtout en temps et en expertise, la thérapie génique aux autres médecins et, bien entendu, à leurs patients.
 

Une chaire de recherche pour aller plus loin

L’autre grand rêve du Dr Chrestian est de fonder une chaire de recherche en maladies neuromusculaires, maladies neurologiques et maladies rares. Une telle chaire serait un puissant moteur pour stimuler la recherche en attirant par exemple de nouveaux partenaires et des collègues d’autres disciplines (ergothérapie, physiothérapie, orthophonie...).

Cette chaire pourrait également protéger du temps de recherche et assurer le soutien nécessaire pour mener à bien les nombreux projets qui sont dans les cartons de l’équipe.

Car, bien que la recherche soit avant tout « une histoire de passion et de dévouement », comme le dit le Dr Chrestian, il reste que l’argent, le temps et les différentes ressources sont nécessaires pour la faire avancer. Avec tout ce que l’équipe a déjà réussi à accomplir, on peut facilement imaginer les pas de géant qu’une telle chaire de recherche permettrait de faire!

 


Une équipe dédiée

L’équipe de l’Unité de recherche clinique en pédiatrie (URCP) soutient plusieurs chercheurs dans les différentes spécialités pédiatriques, à l’exception de l’oncologie et de la néonatologie.

Ainsi, le Dr Chrestian bénéficie du soutien de Mme Davy Eng, gestionnaire de l’URCP, qui assure la négociation des accords de confidentialité et des budgets, évalue la faisabilité des études, coordonne les visites de sélection et supervise les processus éthiques et réglementaires, de l’initiation à la clôture des projets.

En parallèle, Mme Eng soutient les résidents en pédiatrie dans leurs projets de recherche et agit comme Clinical Trial Navigator pour le réseau Rarekids-CAN1 au sein de MICYRN2, sous la direction du Dr Bruno Piedbœuf. À ce titre, Mme Eng favorise les liens entre chercheurs et opportunités d’essais cliniques et contribue à l’évaluation de leur performance à l’échelle nationale, renforçant ainsi la collaboration et l’efficacité des essais cliniques pédiatriques.

Mmes Martine Desjardins et Suzanne Lavoie, coordonnatrices aux affaires éthiques et réglementaires, s’occupent quant à elles de la soumission des projets au Comité d’éthique de la recherche, des suivis avec les promoteurs, de la gestion des documents réglementaires, des formations préalables à tous les projets et de tout ce qui touche la réglementation.

Trois infirmières de recherche, Mmes Gabrielle Desnoyers, Marie-eve Pouliot et Sarah Bouchard, prennent en charge le recrutement des participants, l’administration des thérapies et des questionnaires, le suivi des patients, la collecte des données requises pour tous les projets ainsi que l’accompagnement des familles.

Mmes Isabelle Demers et Marie-Ève Smith, physiothérapeutes à l’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec du CIUSSS de la Capitale-Nationale, jouent un rôle essentiel dans l’évaluation des patients, tant en clinique qu’en recherche, pour les projets nécessitant une expertise en physiothérapie.

Du côté clinique, il y a également Mme Catherine Michaud Gosselin, infirmière praticienne spécialisée en neurologie, qui seconde le Dr Chrestian à la clinique neuromusculaire. Mme Michaud Gosselin prend par exemple en charge les ponctions lombaires qui font partie de certains traitements et suit plus particulièrement les patients atteints de neurofibromatose. 

Pour sa part, la Dre Renée-Myriam Boucher, neurologue pédiatrique et cheffe de service, codirige plusieurs projets avec le Dr Chrestian.

Enfin, le Dr Marc-André Dugas, chef du Département de pédiatrie et directeur de l’URCP, autorise les projets et facilite les collaborations avec les différents départements internes lors des évaluations de faisabilité.


Notes

  1. RareKids-CAN : coalition nationale qui vise à simplifier et à accélérer les essais cliniques ainsi que l’accès aux traitements innovants pour les maladies rares pédiatriques au Canada, https://www.rarekidscan.com/

  2. Maternal Infant Child and Youth Research Network (MICYRN) : réseau qui relie 21 organismes de recherche sur la santé maternelle, infantile et juvénile basés dans des centres de santé universitaires au Canada, avec pour objectif de renforcer les capacités de recherche, https://www.micyrn.ca/.


 



Photo principale : l'équipe de l'Unité de recherche clinique en pédiatrie (URCP). De gauche à droite : Suzanne Lavoie, coordonnatrice aux affaires éthiques et réglementaires; Gabrielle Desnoyers, infirmière de recherche; Isabelle Demers, physiothérapeute; Marie-Ève Smith, physiothérapeute; Sarah Bouchard, infirmière de recherche; Davy Eng, gestionnaire de l’URCP; Martine Desjardins, coordonnatrice aux affaires éthiques et réglementaires; Marie-eve Pouliot, infirmière de recherche; Dr Marc-André Dugas, chef du Département de pédiatrie et directeur de l’URCP.

Absents de la photo : Dr Nicolas Chrestian, neurologue pédiatrique; Dre Renée-Myriam Boucher, neurologue pédiatrique et cheffe de service; Catherine Michaud Gosselin, infirmière praticienne spécialisée en neurologie.


 


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Dernière révision du contenu : le 1 décembre 2025

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