Savez-vous ce qu’est la fatigue de compassion?



La fatigue de compassion peut être provoquée par un trop grand stress. Seriez-vous en mesure de la reconnaître chez vous-même ou chez vos collègues? 

Depuis plus d’un an, toute la population vit de nombreux stress en raison de la situation pandémique mondiale. Ces difficultés sont décuplées pour les travailleurs de la santé qui doivent aussi faire face à de nombreux stresseurs dans leur vie professionnelle. Pour s’en faire une idée, il n’y a qu’à penser à tous les changements de procédures, au respect des mesures de prévention et de contrôle des infections, à la peur de contracter le virus, à la crainte de le transmettre aux usagers ou à un proche, de même qu’à la souffrance des patients et à la détresse des familles.

Comment faire face à toutes ces contraintes sans ressentir une certaine détresse soi-même? Il est certain que la lourdeur de la charge de travail ainsi que les stresseurs organisationnels peuvent conduire à un épuisement professionnel. Il faut y être sensible et ne pas négliger ce risque.

Afin d’arriver à gérer son stress, le soignant utilisera divers mécanismes de défenses (par exemple la banalisation, la dérision, l’esquive, l’évitement, la fuite, etc.) pour s’adapter, mais cela risque de miner la relation soignant-soigné et entretenir le ressentiment. Ce ressentiment a pour effet de contribuer à ternir la passion des soignants et à diminuer la satisfaction associée aux soins prodigués. 

Un nouveau concept

Au cours des dernières années, des chercheurs ont constaté que certains soignants ressentaient un profond mal-être qui était très différent de l’épuisement professionnel et qu’il s’inscrivait plus particulièrement dans la relation thérapeutique entre le soignant et le soigné (Lebel, 20151). Ce concept est maintenant reconnu comme la « fatigue de compassion ». Il fait référence à « un état d’épuisement et à une saturation de la relation thérapeutique » (Dehoux, 2014, cité dans Lebel, 20151). 

Cette fatigue se produit lorsque le soignant perd sa capacité à prendre soin, à être empathique ou à éprouver de la compassion. Dans un tel état, le soignant pourrait démontrer une hypersensibilité et une intolérance face aux émotions des usagers, voire de ses proches. Il peut ressentir une impression de vide, ne plus se sentir aidant et fera de l’évitement.

Évidemment, cet état a des conséquences dans les interactions avec les usagers, mais également dans celles avec les collègues de travail. Voici quelques impacts :

  • réactions d’impulsivité qui peuvent blesser un usager
  • possibilité de transgresser les limites professionnelles 
  • dépersonnalisation (traiter les gens comme s’ils étaient des objets)
  • prise de distance avec les usagers 
  • critiques et sous-estimation des usagers
  • cynisme 
  • création d’un environnement toxique 
  • affaiblissement de l'esprit d’équipe
  • absentéisme
  • « contamination » des collègues


En ces temps difficiles, une approche bienveillante est primordiale. Il faut être aux aguets afin de pouvoir intervenir rapidement si de tels comportements survenaient chez vos collègues. Bien qu’il soit important de faire preuve de bonté et de compréhension envers nos collègues, les membres de l’équipe doivent agir comme des sentinelles et non comme des complices. Il est important de ne pas laisser s’installer une culture où l’usager n’est pas au centre des interventions et des décisions.

L’équipe du bureau du commissaire aux plaintes

1.    Lebel, Gérard (2015). Traumatisme vicariant ou fatigue de compassion : méfiez-vous! En ligne sur https://www.oiiq.org>uploads<14-sante-mentale.


 


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Dernière révision du contenu : le 6 avril 2022

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